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"En ce moment, mon regard porte loin, il n’y a rien à regarder en bas, pas de vie et puis l’envie de s’échapper."

« C’est la fenêtre de la cuisine.

En temps normal, je vois l’aire de jeux, très animée et derrière les habitations, les champs puis la mer. J’ai connu pire comme vue ! Par exemple avoir une vue chez les voisins... On n’ose pas se mettre à la fenêtre, les voisins pensent qu’on regarde chez eux alors on ne peut pas profiter du moindre rayon de soleil.

 

Je suis beaucoup plus à la fenêtre depuis le début du confinement, il n’y a pas de moments précis, c’est quand on a un peu de temps libre, on s’y met avec les enfants. Quand il fait beau, mes enfants adorent regarder au loin la mer ; quand il y a du mouvement, on arrive à distinguer les vagues et la mousse ! En fin de journée, je peux voir le coucher de soleil… pour les enfants, c’est magique, ils essayent de calculer le temps que le soleil met à disparaître, ils regardent les nuances de couleurs.

 

On n’a pas de balcon; en temps normal, ça ne me dérange pas parce que je suis un peu inquiète pour la sécurité des enfants. Mais là, on pourrait se dire qu’on est à extérieur, sentir l’air.

Mes fenêtres donnent sur le parc. C’est vraiment un super endroit, un moyen de décompresser pour moi, et pour mes enfants de se dépenser. C’est une frustration de l’avoir sous les yeux et de ne pas pouvoir en profiter. L’été, sur la partie bétonnée, on a des jets d’eau, les enfants peuvent en profiter. Moi, je suis ma fille de très près dans les jeux, je ne me pause pas vraiment !

La vue est très graphique, on a beaucoup de nuances de formes et de couleurs. Il y a des allées et un parc en sable pour les adultes qui jouent à la pétanque. Si on était en plein été, sans confinement, le parc serait rempli de personnes de tout âge.

Il y a un vrai petit plus au pied de l’immeuble, c’est le jardin botanique. On a des fleurs, des plante; jusqu’à l’an dernier, ils faisaient pousser des fruits qu’ils donnaient aux passants. C’est la ville qui s’occupe de ça. Ce serait bien si c’était des habitants, des enfants qui s’en occupaient. Ça pourrait leur apprendre comment ça se passe avant d’arriver dans l’assiette.

D’habitude, on entend les enfants, les passants qui discutent, les voitures. Là, c’est juste les oiseaux et les mouettes.

 

C’est triste : on est bel et bien enfermés. Le confinement, ça a été très dur au départ, il a fallu un temps d’adaptation, il a fallu que les causes du confinement soient comprises, acceptées, c’est toujours dur, surtout quand il fait très beau : se dire que c’est à portée de main mais inaccessible.

Le soir, c’est silencieux. Certains jours, le silence est agréable : on apprécie le calme après une journée d’école à la maison, mais les mercredis et les week-ends, là, ça manque de quelque chose…on a l’impression que tout est à l’arrêt.

 

En ce moment, mon regard porte loin, il n’y a rien à regarder en bas, pas de vie et puis l’envie de s’échapper. Je fume à la fenêtre, et dans ces moments, j’y suis seule ; avec mes enfants, on observe s’il y a du vent, ça reste ludique, seule, ça va être des pensées de calme, mais pas forcément apaisantes.

 

La fenêtre c’est essentiel pour moi, je suis adepte des appartements éclairés au maximum. J’ai des rideaux dans la pièce de vie, j’ai des voilages sombres qui ne sont tirés que quand les enfants regardent la télévision. Sinon, ils sont continuellement ouverts. Ça donne aussi moins l’impression d’être enfermé. »

 

Sandra, Rue Paul Lhonoré, Fécamp

Le 5 mai

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