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"Quand on va pouvoir sortir, c’est sûr on va aller au parc !"

« Ça fait 50 ans que j’habite au Ramponneau.

En ce moment, on n’a pas de visite, mes filles ne viennent pas, on voit un peu les gens qui sortent les enfants, ils vont dans le parc ; là, on a encore la chance d’aller sur le balcon l’après-midi, mais autrement, on peut pas… on est enfermés. Ça va, moi j’arrive toujours un peu à travailler, j’ai toujours quelque chose à faire dans la maison. Ça fait long depuis un mois et on sait pas quand ça va s’arrêter.

On peut même pas voir les enfants. Ils habitent presque tous au Ramponneau, aux Mimosas, à l’Orléanais… une autre elle est dans le fin fond, elle voit pas grand-chose… vue sur le cimetière…

Par la fenêtre, à part le parc, je vois les 4 tours, il y a mes filles qui y habitent. Celle qui est au 7ème elle est du côté du Val de Bucaille. Il y en a une autre qui voit la mer de Fécamp. Elles venaient tous les matins prendre un thé, voir Maman ! Là, ça fait drôle.

 

Nous, on n’a pas vraiment de fenêtre préférée, mais on se met le plus dans la cuisine. La salle, on regarde la télé. On y va plus pour aller sur le balcon. Quand mes enfants viennent, on prend le thé dans la cuisine. Devant c’est le jardin. L’été y a des jets d’eau pour les enfants, ils tondent bien.

 

Avant, c’était un parc aussi, les gens faisaient des concours de boules, il y avait des bancs, des arbres, les gens venaient, mais c’était pas aussi beau. Et puis il y a moins de dégradations, moi, je dis c’est depuis qu’ils ont tout refait : les ravalements, les cages d’escalier, donc je trouve que c’est comme ça que le Ramponneau, c’est plus propre.

En ce moment, on est bien, on voit des petites marguerites dans la pelouse. Quand ça commence à fleurir, je me dis : « Bon, c’est bon signe, v’la l’été ». J’adore l’été, le soleil et on va dans le parc, on est au moins une quinzaine : mes enfants, mes petits-enfants, mes arrières. On goûte dehors, on mange des glaces, de la boisson, pourtant, c’est à côté de chez nous, mais on est bien. Mes filles, elles prennent des piscines pour les petits, tout le monde est content.

Ça dépayse, il y a des gens qu’on connaît qui viennent nous voir, on discute, on rigole, les jeunes ils dansent. Les gens viennent en maillot de bain. Moi, non non non je ne suis pas en maillot de bain… c’était bon avant ça !

On y va tous les jours l’été, du lundi au dimanche, tous les jours, tous les jours, l’après-midi : le matin, il faut quand même faire le ménage, il faut pas laisser l’appartement en dégradation… Quand on va pouvoir sortir, c’est sûr on va aller au parc ! C’est facile de me trouver, je suis toujours au banc qui est devant chez moi. Je me mets juste là, au bout, c’est notre place, ça a toujours été !

 

Habituellement, il y a beaucoup de passage sous les fenêtres, c’est agréable, là c’est triste. On se dit que ça va bien revenir, faut prendre le mal en patience. Il ne faut pas dramatiser.

Ma fenêtre reste grande ouverte, je regarde les gens qui passent, qui me connaissent, on discute un petit peu quand même. Ça fait 40 ans que je suis au Béarn et j’ai été 11 ans au Normandie qu’ils ont détruit. Ils ont fait des petites maisons à la place. J’était tellement bien dans mon appartement là-bas.

 

Depuis que tout est propre, le Ramponneau, c’est plus pareil. Le débit de tabac, ils nous avaient dit qu’ils habitaient dans un petit bled, c’était pire que le Ramponneau, ils cassaient tout, tout le temps, tout le temps; du jour où ils ont refait la cité, rien n’a été cassé. C’est quand même bizarre. »

Annick, rue d'Alsace, Fécamp

le 10 avril

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