Fenêtres sur écoute -
Quartier du Ramponneau, Fécamp
... en période de confinement
"Quand je m’installe dans mon canapé, ça étend mon champ de vision, alors qu’on est confinés, ça élargit mon monde."
« Le confinement... on s’adapte, on fait avec. Je travaillais et puis l’usine a fermé. C’était compliqué, on travaille sur une chaîne, on est les uns sur les autres, on est cinquante dans le quart, alors on a fait valoir notre droit de retrait.
Du coup, je suis chez moi, je m’occupe : il y a netflix, c’est sympa ! Je lis beaucoup, j’ai ma fille en garde alternée, même si pour elle, en appartement, ce n’est pas évident. On se fait des plannings dans la journée : les devoirs, les jeux, et du temps pour soi, c’est important aussi.
J’avais un train de vie régulier... au début du confinement, c’est vrai qu’on a eu tendance à profiter : ne rien faire, manger n’importe quoi, on a fait beaucoup d’apéros live, c’est le seul moyen qui reste pour rester en contact avec la famille, les amis. Et puis on se rend compte que c’est pas super bon pour la santé. Maintenant, je m’impose une petite séance de sport quotidienne. J’en faisais pas du tout avant. Bosser sur une chaîne… c’est suffisant physiquement. C’est sûr qu’avec le confinement, j’ai développé les discussions via les réseaux sociaux; avant on allait directement boire l’apéro chez les gens ! Le fait d’être en visio, je ne le faisais quasiment pas, c’est surtout la famille, les amis, ma copine, les collègues de travail, on est une équipe, habitués à travailler ensemble, et là on ne se voit plus... On s’est fait un petit groupe et on échange. Les écrans, c’est la seule chose qui nous reste : bouquin, netflix, téléphone, c’est l’essentiel de ma journée… tout ça, ça fait beaucoup travailler les yeux !
Cette fenêtre, c’est celle de ma salle. On a la vue sur la mer, Saint Léonard, c’est une des vues les plus sympas du quartier, j’habite au 10ème étage. Je lis beaucoup, alors quand je m’installe dans mon canapé, je ne vois pratiquement plus les toits des immeubles. Je me sépare de tout ça, ça étend mon champ de vision, alors qu’on est confinés dans un petit appartement, ça élargit mon monde.
Les toits sont remplis de mouettes. Elles ont quartier libre, elles reprennent un peu possession des lieux.
Le regard peut partir loin, sur toutes les hauteurs de Fécamp. Les éoliennes, elles sont là et c’est très bien, c’est plus agréable de regarder ça que les routes et les trottoirs déserts, c’est une vue qui ramène moins au confinement.
En ce moment, le balcon, j’y vais plutôt à 20h, il y a pas mal de monde qui participe. C’est animé. Participer à ça, c’est devenu un jeu avec ma fille, on applaudit, on fait des bulles. Et puis ça met de l’animation. C’est ça qui manque avec le confinement, le chacun chez soi.
Ça va faire 4 ans que je suis revenu sur le quartier. C’est mon quartier d’origine. J’ai connu toutes ses étapes et puis il a été transformé. Quand je suis revenu, les travaux étaient terminés. Ça perturbe un peu au début, on ne retrouve pas les routes, les angles morts, les immeubles qui ont disparu, les commerces qui ont fermé, ça modifie les repères. Mais au final, il est mieux, le résultat est bien. C’est agréable d’y vivre, c’est calme et on a tout à proximité. »
Sébastien, rue Robert Lilly, Fécamp
le 14 avril