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"Je regarde davantage parce que ça me fait du bien de voir au loin."

« C’est la fenêtre de la salle. Elle donne sur la mer et la campagne.

Dans la cuisine, j’ai une autre fenêtre qui donne sur l’appartement de mes parents, la vue est moins sympa, mais j’aime bien pouvoir faire un petit coucou à ma mère, c’est rassurant. Ces immeubles très orange, quand il fait gris, ça amène de la couleur et puis je les vois sans les voir. Je ne regarde pas trop ce qui se passe en bas, le seul endroit que je vais regarder, c’est chez mes parents. Ils habitent toujours là où j’ai grandi. On communique de fenêtre à fenêtre, on se fait des coucous et pour mes enfants c’est le talkie-walkie avec leur grand-père en ce moment !

À la base, on mange tous les dimanches chez eux. Là, évidemment ça ne se passe pas comme ça. C’est compliqué de ne pas voir les gens qu’on aime.

 

 

Visuellement, la campagne, la mer, c’est joli, on ne s’en lasse pas. Voir la mer, c’est aussi voir la brume arriver, les orages au loin. Et c’est la liberté. En ce moment, je regarde davantage parce que ça me fait du bien de voir au loin. C’est comme aller à la plage, ça apaise. Regarder la mer, même si c’est loin, ça apaise.

 

Le plus souvent, c’est à la fenêtre de la cuisine que je me mets parce que j’y fume. Mais ça m’arrive de me poser dans la salle, dans le fauteuil IKEA de mes enfants; généralement, je commence toute seule et je suis rejointe par mes fils : on voit les agriculteurs qui sèment, le tracteur avancer. On voit les graines sortir de terre, verdir. Il y a aussi des moutons et des vaches, des fois on les compte… C’est la vie qui continue, la nature continue à avancer, c’est rassurant. Et dans cette période, c’est important qu’on puisse être rassurés sur certaines choses. Il y a plein de dilemmes : mettre ou non ses enfants à l’école, retravailler, fallait-il ou non se confiner… On voit que certains pays continuent à vivre normalement et s’en sortent mieux que nous. Est-ce que c'était la bonne solution ?

Pendant le confinement, il y a eu l’anniversaire de mon fils, il a été très déçu de ne pas voir ses copains, c’était vraiment important pour lui. Steve, qui nous met de la musique tous les soirs à 20h sur les balcons, a passé « Joyeux anniversaire » et les gens ont renchéri et ont crié « Joyeux anniversaire ! ». Ça, c’est le bon côté du confinement, cette solidarité qui émerge.

On se met à notre balcon tous les jours, mon fils fait des bulles. Ils en profitent, ça permet de se défouler, ils écoutent de la musique, ils dansent !

 

J’ai grandi ici ; je suis partie pour mes études, je suis revenue, mais ce n’est pas mon but de rester au Ramponneau.

Le gros avantage, c’est qu’il y a mes parents pas très loin, ça permet de garder le lien. Mais ça manque de jardin… même si le jardin n’enlève pas le sentiment d’enfermement, il y a le côté sympathique du barbecue, pouvoir sortir. En ce moment, on le ressent encore plus. Je pense que pour les gens qui peuvent se mettre sur leur balcon, ça change bien les choses. Moi, j’ai un balconnet, je ne peux y mettre qu’un pied !

L’ambiance pourra me manquer, les gens aussi, il y a une vie sur le quartier, on rencontre beaucoup de monde à l’école, et à force, ça devient des amis. Ça permet de créer du lien.

On se promène beaucoup en vélo, en trottinette, c’est plus simple pour se balader. Avec les travaux, la voirie est plus belle, il y a plus de verdure. On a même des moutons vers le Château d’eau!»

 

Isabelle, rue des Fleuves,Fécamp

le 29 avril

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